Apprivoiser le silence… en étant accompagne.e par un.e coach ?

Considéré comme un outil, le silence est un allié de choix dans nos échanges, dans nos négociations, dans nos démarches de développement personnel.
Il y a bien sûr des silences toxiques : ceux qui punissent en refusant une parole attendue, ceux qui refusent de prendre parti ou de choisir quand cela serait nécessaire ou urgent, sans oublier ces silences dont on sent bien qu’ils sont complices ou coupables…
Ici, nous nous contenterons de survoler les avantages stratégiques pour nous comme pour autrui, de simplement s’abstenir de parler.
Nous sommes éduqués à répondre
Nous pensons devoir répondre du tact au tact. Nous pensons prouver ainsi notre présence d’esprit, notre compétence. Nous cherchons alors à ne pas être suspecté de ne pas être adéquat ou valable.
Ce faisant, nous plaçons automatiquement notre interlocuteur en position dominante : nous le supposons être notre juge, celui à qui nous donnons le pouvoir de nous valider ou nous invalider.
Or, le silence nous positionne autrement en nous permettant de reprendre le lead, de reprendre la main dans certaines situations de conflit ou de négociation. Nous ne sommes plus seulement dans l’automatisme de la réponse, la réaction, l’obéissance aux sollicitations d’autrui, mais décideur de la manière dont nous allons intervenir… ou pas.
Suspendre sa parole est une action
Loin d’être une passivité ou une soumission, se taire de manière délibérée, c’est choisir de ne pas se soumettre aux sollicitations, de ne pas entrer dans le jeu d’autrui, c’est reprendre le contrôle du flux et du rythme qu’il ou elle semble imposer.
Se taire, c’est créer de l’espace pour le doute, un recul propice à la réflexion, un suspens stratégique… C’est parfois décharger une tension, ou encore offrir l’opportunité de changer d’orientation, de sujet, de ton.
Dans un temps de silence, nous installons une distance vis-à-vis de notre interlocuteur, nous autorisant à l’observation et à l’analyse de ce qui est en train de se passer et de se dire, à s’accorder le temps nécessaire pour donner la réponse appropriée.
Ce silence informe au passage l’interlocuteur de notre capacité à nous maîtriser émotionnellement.
Le silence, une maîtrise de soi
User du silence demande d’avoir acquis une certaine maturité. D’être assez maître de soi pour ne plus être la marionnette de nos émotions, assez mature pour nous méfier de nos réactions.
La situation que nous vivons ici et maintenant est neutre. La personne en face de nous s’exprime selon ce qu’elle est, ce qu’elle peut, ce qu’elle veut aussi…
Et si nous avons le recul nécessaire pour ne pas nous laisser envahir émotionnellement par des peurs, des colères, des inquiétudes narcissiques, nous pouvons alors traiter la situation et l’interlocuteur dans le sens de notre meilleur intérêt.
Le silence comme écran de projection
Quand un silence s’installe, le vide qu’il crée est pour beaucoup très anxiogène.
Alors, comme sur un écran de cinéma, chacun va projeter ses ressentis, ses inquiétudes, ses interprétations.
Car l’esprit a horreur du vide et cherche à combler en créant des interprétations, supposant, élaborant des théories, attribuant du sens à certains mots, certaines attitudes, il explique, il décortique, il invente, il peut même parfois quelque peu délirer…
Car il s’inquiète surtout. Nos personnalités sont rarement aussi bien assurées que nous aimerions le laisser croire. Notre insécurité nous laisse bien souvent imaginer bien pire que la réalité. Nous avons tous déjà fait l’expérience de cette sensation de vertige lors d’un silence soudain dans un échange : que n’avons-nous pas dit, fait, imaginé alors comme « raisons » pour nous apaiser !
Le silence et l’estime de soi
Le silence est alors infiltré par l’angoisse qui prospère quand il y a du flou, du non-dit, de l’indécidable, de l’incohérent…
Ce sont nos propres peurs qui prennent le dessus, sentiment que l’autre serait fâché, vexé, blessé, déçu, qu’il nous jugerait, qu’il nous trouverait en dessous de tout, que nous méritons d’être réprimandé ou puni, s’il s’agit d’une personne en position d’autorité.
Si, dans une situation dans laquelle on vous confronte, quand on vous adresse un reproche, vous vous empressez de vous justifier, de démontrer que votre interlocuteur se trompe ou vous agresse, ce que vous donnez à percevoir dans cette attitude défensive, c’est votre déstabilisation, surtout si vous réagissez avec colère, ou en pleurant,
Lui opposer plutôt un silence a un tout autre impact. Il vous positionne comme quelqu’un à qui on ne s’adresse pas de façon cavalière, qui ne se soumet pas pas à la sollicitation, particulièrement quand elle est agressive ou grossière : le silence réclame la distance du respect.
Et puis, il sert aussi de chambre d’écho aux propos de l’autre. Il laisse toute la portée de son commentaire se déployer : va-t-il l’assumer ? en ressent-il lui de la gêne ? Comment se comporte-t-il dans ce temps de vide de l’échange, dans cet échange qu’il a initié et dans lequel il se retrouve un moment seul.
Le silence dans les conflits ou la négociation
Quand la tension monte dans une situation de conflit, lors d’une négociation ou quand des opinions s’opposent trop radicalement, il est urgent de commencer à se taire. Soit parce que la relation importe plus que de savoir qui a raison ou tort, soit parce que l’enjeu réel de l’échange est oublié dans le feu des émotions.
Pour celui qui se tait, c’est obtenir une position de domination à bon compte. Il a tout loisir d’écouter son interlocuteur exposer sa vision du monde, tendre des perchez pour rétablir un dialogue qu’il pense rompu, il l’entend ouvrir son jeu,
Il y a un coût à dévoiler ses failles, ses manques de maîtrise du sujet, son besoin compulsif d’être rassuré ou d’être pris en considération.
Dans la précipitation, c’est rarement la part la plus mature en nous qui s’exprime ! C’est plutôt la part réactive, émotionnelle, primaire et parfois même infantile, qui va s’exprimer en premier. Il arrive bien souvent qu’on le regrette.
Quand une situation nous sollicite émotionnellement, nous avons d’abord besoin de nous réancrer, de respirer, trier les mots, d’ajuster notre message avant de l’exprimer, si nous estimons de voir répondre d’ailleurs.
Pour échapper à cette confrontation au silence qui angoisse, certains peuvent aller trop loin dans leurs paroles pour sortir de cet état désagréable.
Le silence, en faisant douter votre interlocuteur, sur ce qu’il dit, comment il est entendu et compris, sur ce que vous pensez et comment vous le considérez, va brouiller les pistes,
Et comme le propre d’une négociation passe par une bonne appréciation de celui qui nous fait face, si vous apprenez à brouiller les pistes vous aurez alors la main sur la situation. Apprenez à être, l’espace d’un temps, livre fermé, sans expression et laissez l’autre avec ses actes.
Le silence qui accueille
Il y a des moments, des lieux, des cadres dans lesquels écouter importe, soit pour votre interlocuteur qui a besoin de s’exprimer, soit pour vous qui avez besoin de recueillir de l’information pour accompagner ou marque votre soutien ou, aussi, décider de la nécessité de votre implication.
Se taire, c’est laisser votre interlocuteur s’exprimer, penser, réfléchir, développer un point de vue, faire émerger une émotion, se remettre en question.
Dans le silence, nous nous recueillons, nous revenons vers nous, nous prenons le temps d’entendre nos pensées, nos émotions, nos désirs, nos réactions…
Offrir cette opportunité, laisser cet espace, est un cadeau rare. L’écoute attentive, profonde, présente, est un service inestimable.
Le silence aussi qui suit permet de s’imprégner de l’information, de la laisser percoler dans l’esprit et le cœur vers une compréhension authentique. Le silence de celui qui écoute laisse l’autre structurer sa pensée, choisir les mots les plus justes, s’assurer d’être entendable, recevable, cohérent, accueilli.
Le silence comme refuge
Le silence est aussi cette plage d’intimité de soi à soi ou avec autrui.
Quand le silence se partage sans induire de gêne ou un rapport de force, il démontre certainement une entente profonde.
Il ouvre en nous un espace propice à la créativité, à l’invention de solutions, à l’écoute de mouvements si profonds en nous qu’ils peinent à émerger dans le brouhaha du quotidien..
Vous ne devez à personne vos ressentis, vos pensées, votre quotidien. La vérité nous ne la devons en premier lieu qu’à nous-mêmes. Et ne pas répondre, ou garder le silence sur ce qui fait notre vie n’est pas mentir. Au contraire c’est un choix de protection et de préservation de notre intimité.
Il ne s’agit pas de croire que nous serions entourés de prédateurs ! Mais peut-être de savoir réserver nos confidences à ceux que nous estimons être dignes de notre confiance.
En résumé
- En situation de conflit, celui qui maîtrise le silence a un net avantage sur son vis-à-vis.
- Ce qui ne signifie pas rester muet face à ce qui serait une attaque, mais opter pour une originale et « sans mot ».
- Se taire, c’est éviter de réagir à chaud avec des réponses fébriles qui miment une réelle maîtrise…
- une condition à l’introspection et à la rencontre avec soi
- Le silence peut être un espace-refuge quand la parole expose.
- Il est aussi une discrétion sur ce qui fait notre vie
- Il permet de devenir l’observateur de celui qui vous livre son mode d’emploi.
- Il est un critère d’évaluation assez probant du niveau de maturité d’une personne.
- Il revalorise la parole à laquelle on demande d’être intentionnelle, réfléchie et mûrie, une parole qui connaît la valeur et la portée des mots.
Le silence est un art,
et donc des techniques,
une pratique,
et la constitution d’une individualité
Et cela, avec votre coach, peut être un grand sujet de coaching.
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